En théorie, une augmentation des taux d'intérêt se traduira par une baisse dans les cours des actions et une chute dans les prix des instruments à revenu fixe. Les cours des actions baisseront car ces derniers reflètent les perspectives des entreprises en termes de croissance et de rentabilité; et si les taux d'intérêt augmentent, la baisse corollaire des dépenses de consommation et de l'activité économique, nuira à ces perspectives.
Les prix des instruments à revenu fixe baisseront en raison de la "relation inverse" qui existe entre le prix des instruments à revenu fixe et les taux d'intérêt. Plus concrètement, si les taux augmentent, le niveau fixe des intérêts offerts par des instruments à revenu fixe deviendra relativement moins attractif, c'est pourquoi leurs prix finiront par baisser.
Inversement, une baisse des taux d'intérêt verra: une augmentation dans les cours des actions et une augmentation dans les prix des instruments à revenu fixe.
Etant donné ce que nous avons dit des circonstances dans lesquelles les gouvernements cherchent à influencer les taux d'intérêt ...
- Une activité économique accrue - qui aboutit à la menace de l'inflation - amènera les autorités monétaires à resserrer la politique monétaire en augmentant les taux d'intérêt.
- Une activité économique en déclin - qui aboutit à une menace de récession (et de déflation) - amènera les autorités monétaires à desserrer la politique monétaire en faisant baisser le niveau des taux d'intérêt.
... les relations entre les phases du cycle économique, les actions des autorités monétaires et les marchés financiers pourraient sembler assez simples.
Malheureusement, il n'en est rien.
Comme nous l'avons vu, les gouvernements essaient de faire en sorte que les hauts et les bas du cycle économique s'égalisent afin de favoriser une croissance sans inflation. Et c'est là que les choses se compliquent.
L'impact qu'ont l'inflation et les taux d'intérêt sur les marchés financiers est, comme dans toute relation de caractère absolu, une question de perception et d'attente. La croissance porte toujours en elle la menace d'inflation et la menace d'inflation porte toujours en elle le risque de se traduire par une augmentation des taux d'intérêt ; mais la perception que l'on a de l'ampleur des mesures avec lesquelles le gouvernement et les autorités monétaires font face à la menace est un facteur clé dans la façon dont les marchés vont réagir aux nouvelles informations économiques.
Pour prendre un exemple simple, les marchés boursiers verront souvent leurs cours augmenter à l'annonce d'une augmentation des taux d'intérêt s'ils perçoivent cette politique comme étant le signe que les autorités monétaires vont faire rapidement et prudemment face aux pressions inflationnistes; inversement, les cours boursiers pourront connaître un mouvement à la baisse si le comportement des autorités monétaires est perçu comme imprudent. Il s'agit de quelque chose de subtil, le mot clé étant la perception.
En ce qui concerne les attentes, les choses sont un peu plus claires. Les informations attendues n'ont aucun effet sur les marchés - car elles sont déjà prises en compte. Les informations inattendues font bouger le marché, en particulier s'il est probable qu'elles aient un effet sur la politique des autorités monétaires d'un pays.
Par exemple, si l'inflation est plus importante que prévu, les cours des actions et des instruments à revenu fixe ont de fortes chances de baisser. Mais si l'inflation est plus faible que prévu, les cours des actions comme des instruments à revenu fixe ont de fortes chances d'augmenter. L'inflation en termes absolus manque, à cet égard du moins, de pertinence.
Nous nous attacherons plus en détail à la notion de perception dans notre section sur les "indicateurs économiques".